Le GNI était à nouveau présent à la 84ème Assemblée Générale de l’HOTREC qui s’est déroulée les 28 et 29 avril 2022 à Prague. Lors de cette Assemblée Générale post-crise sanitaire, les discussions ont tourné autour de la relance économique, du manque de collaborateurs à travers toute l’Europe ainsi que de la guerre en Ukraine, ses conséquences et de la solidarité du secteur.
Session statutaire
L’Assemblée générale s’est ouverte par les discours des représentants tchèques, notamment M. Ivan Bartos, Ministre du Développement régional et M. Vladimir Dlouhy, Président de la Chambre de Commerce de la République Tchèque.
Une minute de silence a été respectée en pensée pour l’Ukraine et nos collègues ukrainiens.
L’HOTREC a vocation à défendre auprès des institutions européennes les intérêts du secteur de l’hôtellerie-restauration, particulièrement dans les domaines porteurs pour l’avenir de la profession : à savoir le numérique, le social et le développement durable. Grâce à ce travail quotidien, l’HOTREC a réussi à faire reconnaitre le tourisme comme un secteur important à prendre en considération dans les politiques européennes. L’HOTREC a particulièrement travaillé ce semestre sur les prêts que les établissements ont été contraints de contracter pour survivre avant même d’envisager le futur du secteur.
L’HOTREC représente 47 associations sur 36 pays et lors de cette Assemblée générale, l’association s’est élargie à une association lituanienne et une association turque de restaurants.
Session spéciale sur l’Ukraine
Intervention de l’UHRA
Alors même que cette Assemblée générale devait être la deuxième en tant que membre de l’HOTREC pour l’association ukrainienne, Mme Iryna Sidletska, Présidente de l’UHRA, a présenté en visioconférence la situation ukrainienne, sous les sirènes d’alarme, pour nous faire le point sur la situation du pays.
5,3 millions d’Ukrainiens ont quitté le pays, principalement en Pologne et en Roumanie. Les hôtels avec la guerre sont dans des situations parfois dramatiques puisque certains sont en ruines dans les zones occupées (ou précédemment occupées). Tous les espaces des hôtels, les chambres, les restaurants, les spas des régions de l’ouest sont utilisés pour accueillir les réfugiés sur du long terme en provenance du reste du pays. Les hôtels du centre de l’Ukraine se sont organisés pour accueillir les réfugiés en transit.
Les salariés sont éparpillés. Les collaboratrices non mobilisées pour la guerre continuent autant que possible à travailler dans les zones protégées pour accueillir les réfugiés. Les hôtels fonctionnent avec uniquement les services essentiels comme la maintenance et la sécurité. Les hôtels se sont équipés pour alarmer en cas d’attaques, notamment à la frontière des zones occupées.
Une grande production de repas s’est mise en place notamment pour soutenir l’armée.
L’UHRA en tant qu’association professionnelle, après avoir mis à l’abri son propre entourage, s’est concentrée sur la coordination des aides reçues par les collègues européens, sur l’information sur la situation mais aussi sur la coordination des hôtels membres ou non pour accueillir les réfugiés, la presse étrangère ou quiconque dans le besoin…
UHRA a lancé une campagne de donation pour aider le secteur du tourisme ukrainien, qui à la fin de la guerre, devra se reconstruire et souffrira de l’absence des touristes.
UHRA s’est également coordonné avec des plateformes de recherche d’emplois (Jooble, Indeed et Hosco) pour aider les salariés ukrainiens du secteur à trouver des postes dans les établissements du reste de l’Europe (Pour la France, toutes les informations se trouvent ici.). Toute la salle de l’Assemblée Générale de l’HOTREC s’est levée pour une standing-ovation saluant le courage des collègues ukrainiens.
Les conséquences macroéconomiques de l’invasion russe de l’Ukraine
Il y a tout d’abord les impacts directs comme la perte des touristes russes, mais également les conséquences économiques des sanctions provoquant :
• Une inflation qui joue sur les importations des Etats européens ;
• La hausse du prix du pétrole et des ressources énergétiques.
Les conséquences sur les budgets des ménages sont également très fortes avec une inflation du prix des biens de consommation courante. L’épargne accumulée durant la crise par une partie de la population permettra cependant de maintenir une croissance a priori positive. C’est pourquoi, malgré une forte incertitude, la récession doit pouvoir être évitée. La relance du tourisme sera probablement légèrement reportée, mais pas stoppée, notamment portée par le tourisme domestique.
L’état du tourisme après la crise sanitaire
L’objectif du zéro carbone est atteignable à travers de nombreuses innovations, d’après M. Rafael Schvartzman, le Vice-Président Europe de « International Air Transport Association ». Le tourisme en Europe est résilient et montre sa capacité d’adaptation d’après Mme Valentina Superti, Directrice à la DG GROW de la Commission européenne. Il n’existe pas, à proprement parlé, une ligne de budget européen dédiée au Tourisme, mais de nombreux fonds sont adaptés aux entreprises de ce secteur. La promotion de l’Europe comme une destination est une priorité au même titre que la digitalisation et le développement durable pour faire revivre le secteur, d’après Istvan Ujhelyi, Membre du Parlement européen.
L’impact du numérique pour soutenir le renouvellement du secteur
Matthias Kuom de la DG CNECT de la Commission européenne a profité de cette table ronde pour présenter RESTwithEU, un appel à projets qui vise à soutenir l’innovation dans le secteur du tourisme et plus particulièrement la restauration.
Cette table ronde a également permis à Sara Nickel, de l’Association des restaurants des USA, de présenter des études qu’ils ont menées sur le marché américain. Tout comme en Europe, les deux défis majeurs de cette année sont le recrutement et la fidélisation des employés et le prix des matières. Ce qui était également intéressant à retenir face aux nouvelles tendances innovantes est, qu’aux Etats-Unis :
• Concernant les Dark Kitchens :74% des adultes restent plus en confiance avec de la nourriture venant d’un restaurant avec pignon sur rue.
• Le pré-paiement en restauration : une majorité de clients (notamment les plus jeunes) sont prêts à payer une partie de leur consommation au moment de la réservation en contrepartie d’une promotion sur la note finale.
Enfin, Véronique Martens, Directrice du Département Europe et Numérique est intervenue sur cette table ronde pour présenter aux collègues européens l’initiative digitale du GNI : le Parcours d’Initiation Numérique. Par cet exemple, les autres fédérations nationales européennes ont pu apprécier leur rôle pour accompagner leurs adhérents vers l’avenir du secteur à travers la digitalisation.
Les activités de l’HOTREC
Chaque Assemblée générale est l’occasion pour les groupes de travail de présenter leurs travaux en cours :
• Les affaires sociales : les travaux en cours sont nombreux notamment sur les travailleurs des plateformes, le salaire minimum, l’égalité des salaires…
• Les affaires numériques : les textes européens DSA-DMA sur la responsabilisation des plateformes, la révision du VBER, l’exemption des restaurants dans la directive cybersécurité et l’arrivée prochaine du Data Act et de l’EU Digital ID. A noter, que la Cour de Justice de l’UE a rappelé la Directive qui impose que lors de la dernière étape de réservation tant pour les plateformes que pour les hôtels en direct, doivent être clairement et lisiblement mentionner qu’en cliquant les consommateurs s’engagent dans un contrat et notamment avec l’obligation de payer.
• Les plateformes de meublés de tourisme : La Commission européenne réfléchit à une réglementation pour encadrer la location des meublés de tourisme via des plateformes en ligne. La réglementation DAC7 sur la transparence fiscale et le suivi fiscal sera applicable aux plateformes à partir de janvier 2023.
• Le développement durable : Ce groupe de travail étant nouvellement créé, l’HOTREC propose de travailler sur la Directive concernant l’efficacité énergétique des bâtiments ainsi que sur deux projets MYRIAD qui recensent les évaluations de risques autour du secteur du Tourisme.
Retour sur l’étude biennale 2022 de la distribution hôtelière
Tous les deux ans, le GNI vous invite à répondre à une étude sur l’évolution de la distribution hôtelière en Europe (Lire ici les résultats de l’étude 2020) ; Le GNI remercie les hôtels français ayant pris le temps d’y répondre.
Lors de cette Assemblée générale, Roland Schegg de l’Université du Valais a présenté en exclusivité les premiers résultats (l’étude finale sera disponible en juin) ; On constate donc qu’entre 2019 et 2021, les réservations en directs sont passées de 47% à 59,1%. Les quelques clients de ces années de crise ont de ce fait préféré passer directement par les hôtels.
Toutefois, il est à noter que les hôtels leur ont permis cette confiance en développant leurs modules de réservation en ligne direct. En effet, en 2019 seules 7,6% des réservations passaient par de tels modules alors qu’en 2021, 12,1% de toutes les réservations sont passées par ces modules.
En parallèle, les OTAs ont perdu quelques parts de marché en passant de 31,9% en 2019 à 28,7% en 2021.
En France, les réservations directes étaient déjà plus élevées que la moyenne européenne et durant ces dernières années, elles stagnent. Le GNI encourage les hôteliers à poursuivre leurs efforts de digitalisation, de personnalisation de leurs offres et de leurs services pour profiter de cette tendance que prennent les clients, notamment européens.
La prochaine Assemblée Générale de l’HOTREC se déroulera les 6 et 7 octobre 2022 à Stockholm.