Chers collègues, chers amis,
Je sors de Matignon où les principales organisations professionnelles du secteur des hôtels, cafés, restaurants étaient reçues ce matin par le Premier Ministre.
Les nouvelles ne sont pas rassurantes.
Jean Castex a en effet reçu ce matin de 10h à 12h30, les principales organisations professionnelles du secteur, le GNI, le GNC, l’UMIH, le SNRTC. Était présent également à nos côtés, Sébastien Bazin, le PDG d’Accor.
Jean Castex était entouré de Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, d’Élisabeth Borne, Ministre du travail, d’Alan Griset, Ministre délégué aux PME, de Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’État au Tourisme. Jérôme Salomon, Directeur Général de la Santé représentait Olivier Véran, encore une fois absent des échanges.
En votre nom à tous, hôteliers, cafetiers, restaurateurs, traiteurs organisateurs de réceptions, discothécaires et professionnels du secteur, nous avons tous unis, présenté la situation catastrophique de notre secteur.
Outre les trois mois de fermeture subis entre mars et juin, le secteur de l’hôtellerie-restauration est touché de plein fouet par la baisse drastique de l’activité touristique, l’annulation des événements d’affaires, sportifs et culturels, l’adaptation des locaux aux contraintes liées à la situation sanitaire et l’absence de perspectives d’amélioration de la situation.
Nous avons dit ô combien, 6 mois après un 1er confinement qui a coûté cher aux professionnels, ces nouvelles fermetures sont aujourd’hui injustifiées, discriminatoires, contre-productives et stigmatisantes.
Nous avons rappelé combien nos professionnels ont fait preuve de responsabilité en mettant en place et en respectant un protocole sanitaire permettant d’accueillir les clients et le personnel dans les meilleures conditions de sécurité, protocole qui, faut-il le rappeler, a été validé par les pouvoirs publics.
Poursuivant, j’ai personnellement attiré l’attention sur les chiffres qui nous étaient présentés en matière de contamination dans nos établissements et j’ai demandé que le Ministre de la Santé nous reçoive enfin.
Nous ne pouvons continuer à nous faire asséner des chiffres sans que nous puissions en discuter l’origine et la pertinence et j’ai à cette occasion évoqué notre enquête flash Covid à laquelle plus que jamais je vous demande de répondre (en cliquant ici).
Le Premier Ministre a donné son accord pour un tel échange. Nous veillerons à ce qu’il se tienne dans les plus brefs délais car la pression exercée par le Haut Conseil de la santé publique est intolérable !
Nous avons aussi exprimé la crainte d’une extension des mesures de fermeture totale à l’ensemble du territoire et à Paris. La situation déjà catastrophique deviendrait alors dramatique pour une profession, dont la survie est d’ores et déjà liée à la prolongation des dispositifs de soutien existants.
Nous avons poursuivi en demandant au Premier Ministre de respecter la volonté des professionnels de travailler.
Avant de répondre à nos questions, le Premier Ministre a tenu a souligner selon les dires des experts, l’extrême fragilité de la situation sanitaire , « n’excluant rien par principe , mais faisant tout pour éviter un reconfinement généralisé ».
Plus précisément, j’ai développé, au nom de notre délégation, les demandes de la profession :
- Prolonger en l’état le régime de l’activité partielle du secteur HCR, sans reste à charge, pour toutes les entreprises du secteur (PME, TPE, ETI) au moins jusqu’à mars 2021 et au-delà si les mesures de distanciation sociale se prolongent.
Le Premier Ministre a annoncé que le dispositif de l’activité réduite sera maintenu en l’état sans reste à charge au-delà du 31 octobre et jusqu’au 31 décembre 2020 pour toutes nos entreprises du secteur CHRD.
C’est la seule vraie bonne nouvelle. Est-elle rassurante et suffisante ? Non car elle peut laisser entendre que nos entreprises pourraient être soumises à de nouvelles fermetures « je ne suis pas en mesure de vous dire quoique ce soit à ce jour… je n’exclus rien » a dit Jean Castex. …Et pour le reste, les réponses du Premier Ministre ne sont pas satisfaisantes.
- Exonérer de charges sociales les établissements au-delà de la période initialement prévue (de février à mai), jusqu’à la fin de l’année 2020 et à tout le moins, reconduire le dispositif de crédit de cotisations sociales de 20%.
Aucune réponse du gouvernement.
- Prolonger le report des échéances bancaires à l’été 2021 et prolonger la durée et les échéances de remboursement du PGE.
Aucun effort supplémentaire collectif n’est à attendre des banques selon le Ministre Bruno Lemaire en raison des normes européennes.
- Prolonger jusqu’en septembre 2021 au moins la possibilité donnée aux locataires de ne pas encourir de pénalités financières ou de résiliation de leurs contrats en cas de non-paiement des loyers et résoudre enfin le problème des loyers par une dotation spécifique du Fonds de Solidarité pour les HCR.
Le Premier Ministre a dit entendre cette demande et nous a renvoyé à travailler avec le Ministre de l’Économie à un élargissement du Fonds de Solidarité permettant à nos entreprises une prise en charge totale ou partiel des loyers.
C’est une demie bonne nouvelle car cela fait déjà plusieurs semaines que Bercy doit travailler sur un projet de dotation spécifique sur le modèle des discothèques.
Nous allons demander immédiatement à Bruno Le Maire de lancer en urgence ces travaux auxquels nous participeront. Ils devront aboutir en urgence. C’est une exigence, une priorité.
- S’agissant des TOR et des Discothèques le Ministre Bruno Lemaire nous a confirmé l’annonce de mesures exceptionnelles dans le courant de la semaine prochaine.
- Enfin concernant le renforcement des fond propres des entreprises, j’ai salué le projet de loi de finances pour 2021, qui selon la promesse du Ministre Bruno Le Maire intègre les propositions du GNI de revalorisation des actifs et de leaseback en franchise d’impôt sur plus-value.
J’ai informé par ailleurs le Premier Ministre de notre démarche, auprès du Président Ricol, pour obtenir une possibilité de neutralisation des amortissements pendant la période de fermeture de nos établissements.
- Enfin, rien sur les pertes d’exploitation, rien sur l’indemnisation de nos chefs d’entreprises privés d’activité et de revenus, rien sur le sort de nos apprentis en cas de fermeture.
Au sortir de cette rencontre, j’avoue mon inquiétude. Je considère que les nouvelles ne sont pas encourageantes et que l’horizon s’obscurcit encore plus.
Mais je ne veux pas baisser les bras.
Nous devons continuer de nous battre. Je vous invite à respecter et à faire respecter le protocole sanitaire dans votre établissement et insiste sur l’interdiction de consommer debout y compris en terrasse.
Pour ma part, avec vos élus et les collaborateurs du GNI je continue mes négociations avec le gouvernement.
2 rendez-vous sont à venir, avec le Ministre de la Santé et celui de l’Économie.
Restons forts, respectueux de la loi et des règles, mais déterminés. Nous l’emporterons.
Très cordialement.
Didier CHENET
Président